Bibliothèque de Pierre Bergé : le dernier chapitre
Bibliothèque de Pierre Bergé : le dernier chapitre
XIXe siècle ─ lots 47 à 144
Comptes rendus des séances de la Société de Géographie, 1883-1892, où parurent les rapports de Rimbaud sur ses expéditions en Afrique pour le compte d'Alfred Bardey.
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Lot closes
October 28, 02:53 PM GMT
Estimate
1,500 - 2,000 EUR
Current Bid
700 EUR
9 Bids
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Lot Details
Description
[Rimbaud, Arthur]
Comptes rendus des séances de la commission centrale de la Société de géographie . Années 1883, 1884, 1887, 1888, 1892.
Paris, Société de géographie, 1883-1892.
5 livraisons en un volume in-8 (205 x 126 mm). Demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs, tête dorée (P. Goy & C. Vilaine).
Les périples et les explorations de Rimbaud dans la Corne de l’Afrique.
Réunion complète des cinq années de comptes rendus de la Société de Géographie où ont été publiées des notes ou des lettres d’Arthur Rimbaud, transmises par Alfred Bardey (1854-1954), négociant au Harar et employeur de Rimbaud.
Séance du 7 décembre 1883 (p. 592-593). "D’Alger, 24 novembre 1883, M. Alfr. Bardey écrit : […] je vous adresse quelques photographies que j’ai reçues dernièrement de M. Rimbeaud [sic], l’agent de ma maison de Harar. Elles ne sont pas très bonnes, mais j’espère vous en adresser sous peu de meilleures. M. Rimbeaud dirige toutes nos expéditions du Somali et des pays Gallas. L’initiative de l’exploration du Wabi, qui coule dans le pays d’Ogaden, lui est due […] M. Sottiro, notre agent, fut retenu quinze jours prisonnier et ne fut remis en liberté qu’après les démarches d’un Ögas, ou grand chef, que M. Rimbeaud envoya de Harar pour le délivrer".
Séance du 1er février 1884 (p. 85). Rapport sur l’Ogadine, par M. Arthur Rimbaud. "D’Aden, M. Alfred Bardey, membre de la Société, envoie un rapport manuscrit sur l’Ogadine par M. Arthur Rimbaud, agent de la maison Mazeran, Viannay et Bardey, à Harar (Afrique orientale). [...] On trouvera, ci-après aux Extraits, pages 99-103, le rapport de M. Rimbaud". Ce rapport, daté ici de Harar le 10 décembre 1883, provient des expéditions de Rimbaud et d’un autre employé de Bardey, le grec Constantin Sotiro. On sait aujourd’hui, par le manuscrit d’une partie de ce rapport, qu’il avait été initialement établi par Rimbaud deux mois plus tôt, le 10 octobre. Y est décrite la région de l’Ogaden [au Sud-Est de l'Éthiopie], la géographie, l’hydrographie, la faune et les mœurs des nomades qui y vivent, nommés ici les Ogadines.
Séance du 4 novembre 1887 (p. 416-417). Lettre d’Arthur Rimbaud, rentré du Choa par le Harar et Zeïlah, communiquée à la Société de géographie par Alfred Bardey, qui l’a reçue expédiée du Caire. Sont reproduites "textuellement" une vingtaine de notes de Rimbaud sur son itinéraire de retour, de Antoto à Harar, en compagnie de Jules Borelli et avec l’aide du roi Ménélik [auquel il venait de livrer une caravane d’armes] et qui se terminent ainsi : "Au Harar la ville est devenue un cloaque. La route Issa est très bonne, et la route de Gueldessey au Herer aussi. Signé : ‘Rimbaud’".
Séance du 15 juin 1888 (p. 375). Rimbaud est de retour au Harar après une nouvelle expédition. "D’Aden, 4 juin, M. Bardey écrit : Je reçois de Harar, en date du 3 mai, une lettre de A. Rimbeaud [re-sic] qui me dit : ‘Je viens d’arriver au Harar’". Dans cette lettre, Rimbaud donne des nouvelles d’un incendie qui a entièrement détruit la ville indigène de Berbera ; le quartier du gouvernement, occupé par les Anglais, a pu résister aux flammes.
Séance du 22 janvier 1892 (p. 43-44). Mort d’Arthur Rimbaud. Transcription intégrale d’une lettre de Bardey, datée d’Aden le 24 octobre 1891, véritable notice nécrologique : "En arrivant ici, j’ai appris la mort de M. Arthur Rimbaud, bien plus connu en France comme poète décadent que comme voyageur. A ce dernier titre il mérite cependant qu’on parle de lui. Arthur Rimbaud parut pour la première fois à Aden, en 1880. Il y séjourna quelques mois, puis partit pour le Harar […] Son premier but était d’acquérir, par le commerce, la petite fortune nécessaire à son indépendance ; mais l’entraînement, l’habitude et cette attraction particulière qui fait que ceux qui vont dans les pays nouveaux y retournent, souvent jusqu’à ce que mort s’ensuive, l’avaient décidé à toujours demeurer dans l’Afrique orientale. Par amour de l’inconnu et par tempérament, il absorbait avidement les choses intellectuelles des pays qu’il traversait, apprenait les langues au point de pouvoir les professer dans la contrée même et s’assimilait, autant que possible, les usages et les coutumes des indigènes.". Bardey relate les aventures africaines de Rimbaud, puis son accident au début de l’année 1887, son rapatriement à Marseille, son amputation et sa mort survenue à 37 ans. "Il a été un des premiers pionniers au Harar, et tous ceux qui l’ont connu depuis onze ans diront qu’il fut un homme honnête, utile et courageux."
Pierre Bergé (II, n° 496).
Après avoir parcouru l’Europe, de Londres à Bruxelles, de Paris à Stuttgart ou à Naples en passant par Milan, Liverpool, Vienne, Rotterdam ou Stockholm, Rimbaud se rend en Afrique en 1878. Il cherche du travail à Alexandrie avant de partir comme contremaître à Chypre. Ensuite, il devient tour à tour surveillant de chantier de construction, surveillant du tri de café à Aden, acheteur de café au Harar, tout en s’intéressant à l’exploitation du caoutchouc, de l'ivoire et du musc. En octobre 1885, il devient finalement trafiquant d’armes à Tadjourah (actuel Djibouti) avant de se lancer seul à la tête d’une importante caravane jusqu’à Ankober, au-delà des déserts et des terres volcaniques, pour vendre sa marchandise au roi Ménélik II (1844-1913). Roi du centre de l’Éthiopie et bientôt du Harar, le souverain abyssinien est courtisé par les Européens qui tentaient, après l’ouverture du Canal de Suez, d’établir des ports sur la mer Rouge. Le troisième et dernier séjour de Rimbaud au Harar date de mai 1888 à avril 1891. Les années harariennes de Rimbaud sont mal connues — ce qui, paradoxalement contribua à sa légende.